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La malédiction d’Ilya Répine

  • arborescence17
  • 10 nov. 2020
  • 6 min de lecture

Ivan le terrible tue son fils (1883-1885)


Par Ilya Pavlovitch Golovtchenko


L’un des plus célèbres et talentueux peintre russe du XIXe siècle Ilya Répine, auteur du célèbre tableau « Ivan le terrible tue son fils », avait une vie remplie de mystères.


« Il n’y a rien sur quoi plane autant de séduction et de malédiction que sur un secret »1. En témoigne cette citation du célèbre philosophe danois Søren Kierkegaard. En effet, le monde est rempli de ses mystères et de ses secrets. La curiosité de l’homme est très forte pour résister à la recherche de la vérité. Les mystères et les secrets ont toujours séduit les hommes mais cette séduction n’est pas sans conséquences. La découverte de secrets produit des violences maudissant la vie des hommes et souvent, celle de la société elle-même. La vie mystérieuse d’Ilya Répine est une parfaite illustration.


Ilya Lefimovitch Répine est un peintre russe né le 24 juillet 1844 à Tchouhouïv dans l’Empire russe. Issu d’une famille cosaque, il a passé sa jeunesse à peindre des icônes. Ilya Répine était un disciple d’Ivan Kramskoï, le plus grand peintre russe de son époque. Tout comme Kramskoï, Répine est devenu une figure du réalisme russe. En effet, Répine a poursuivi sa formation à l’Académie impériale des beaux-arts et à partir de 1878, il devient le membre des ambulants2. Ilya Répine a fourni un travail de qualité avec sa passion dévouée pour le réalisme. Cette passion a apporté ses fruits à un point qu’il a été nommé académicien de l’Académie impériale des beaux-arts.


Une vie remplie de passions mais également de mystères qui se traduisent par une malédiction dans sa vie personnelle. Cette malédiction a eu des conséquences politiques dans l’Empire russe.


Les origines de la malédiction


Les tableaux d’Ilya Répine sont tellement réalistes qu’ils sont appréciés par toutes les personnes passionnées d’art. Les œuvres de Répine sont tellement magnifiques qu’ils provoquent la curiosité non seulement chez les spécialistes d’art professionnels mais également chez les amateurs. Toutefois, ce réalisme attribut à Répine le titre d’un « peintre mystérieux ». Ilya Répine travaillait d’une manière tellement acharnée qu’il a perdu l’usage de son bras. Ce handicap a fait plonger le peintre dans la dépression tellement forte qu’il a arrêté de peindre quelques temps. Cependant, il existe un mystère autour de cet handicap car Répine a perdu l’usage de son bras après avoir terminé son tableau « Ivan le terrible tue son fils » en 1885. La réalisation de ce tableau était en fonction du ressenti de Répine suite aux événements dont il a été témoin. La suite symphonique « Vengeance » de Rimsky-Korsakov et la mort de l’empereur Alexandre II ont été des impulsions créatrices à l’origine de cette œuvre3, à un point que la conception de ce tableau a pris trois ans de travail acharné. Pendant longtemps, le peintre n’arrivait pas à constituer un ensemble avec les images qu’il avait dans son esprit. Tout a changé lors de son voyage en Espagne où il a assisté à des combats de taureaux. L’artiste a vu le sable couvert de sang et les regards de taureaux remplis de haine et de douleur4. À ce moment là, son idée a pris forme et il a travaillé tellement dur qu’il faisait des cauchemars. Selon les rumeurs, il a même mélangé le sang d’une poule avec de la peinture rouge pour rendre la couleur du sang plus réelle sur son tableau. Étant donné que Répine n’a pas peint ce tableau à partir des faits réels du meurtre du fils d’Ivan terrible, et ceci est normal puisque Répine n’était pas encore né à cette époque, la malédiction est alors possible en raison de la représentation inexacte de cet événement. Ilya Répine, malgré son réalisme, n’a pas illustré des faits réels, il a juste interprété cet événement historique en fonction de ses connaissances et de ses émotions.

En philosophie, l’interprétation des faits historiques n’est pas toujours accueillie de manière chaleureuse. La notion d’interprétation s’entend chez Spinoza dans un sens vague, un sens faible, où il désigne un mode de compréhension de la réalité marqué par le processus de superstition entraînant la violence. Ainsi, quand les hommes en proie à la crainte sont exposés à inventer des prodiges, ils interprètent la nature. Les hommes délirent et leur interprétation de la nature est une pure fantaisie, littéralement perverse, même si elle a sa logique propre qui lui reste une logique d’impuissance5. Les historiens, les théologiens, les écrivains, les peintres, interprètent la réalité en falsifiant les faits et se forgent sur des nouveautés6. En effet, Ilya Répine s’est forgé sur des nouveautés pour interpréter le meurtre du fils d’Ivan le terrible, en se basant sur des éléments nouveaux tels qu’il les a observé lors des combats de taureaux en Espagne. De cette sorte, il a falsifié les faits et pour cette raison ce peintre a été maudit par une puissance supérieure à l’homme : Dieu, l’univers, ou la nature elle-même.


La malédiction liée à ce tableau réside dans les réactions violentes du public postérieures à son exposition. Les spectateurs qui observaient ce tableau étaient pétrifiés et beaucoup versaient des larmes. Ainsi, un iconographe russe Abram Balashov, après avoir regardé ce tableau, l’a coupé avec un couteau. Suite à cette hystérie, l’iconographe a été interné à hôpital psychiatrique. Par ailleurs, en prenant en compte les faits antérieurs à la réalisation de ce tableau, d’autres faits mystérieux se sont produits. Ces événements pourraient affirmer que le peintre a été maudit bien avant la réalisation du tableau « Ivan le terrible tue son fils ».


Ces faits résident dans les décès consécutifs des personnes figurant dans les tableaux d’Ilya Répine. Pour exemple, le célèbre musicien russe Modeste Petrovitch Moussorgski, est décédé seulement quelques mois après la réalisation de son portrait (1881) par Ilya Répine. D’autres personnes sont décédés peu de temps après la réalisation des portraits par Ilya Répine, notamment l’écrivain Alexeï Pissemski7 et le médecin Nikolaï Pirogov8. Le célèbre poète russe Fiodor Tiouttchev est décédé avant même que Ilya Répine puisse terminer son portrait9. Selon les sceptiques, il s’agissait de personnes avec des pathologies ayant entrainé la mort et non d’un mystère. La succession de ces décès est donc un malheureux hasard. Toutefois, même les personnes en bonnes santé mourraient après la réalisation de ces tableaux. Pour exemple, les figurants du tableau « Les Bateliers de la Volga » sont morts quelques temps après l’exposition de cette œuvre en 1873 alors qu’ils étaient en bonne santé.


Les Bateliers de la Volga (1870_1873)


À cause de cette malédiction, Ilya Répine était considéré comme un sorcier dans certains endroits de la Russie. Lorsqu’il a peint le tableau « Le paysan d’un mauvais oeil », il a pris comme figurant son cousin Ivan Radov. Ce dernier était en très bonne condition physique et ne souffrait d’aucune pathologie. Il a eu une violente fièvre et a failli en mourir. Ivan Radov s’est plaint à son entourage qu’il a failli mourir à cause de ce « sorcier ».


Le paysan d’un mauvais œil (1877)


Que l’on croit aux superstitions ou non, la malédiction de ce peintre a provoqué des conséquences politiques ténébreuses dans l’Empire russe.


Les conséquences politiques de la malédiction


En 1903, Ilya Répine a réalisé le tableau de la « La session protocolaire du Conseil d’État du 7 mai 1901 ». Les fonctionnaires représentés sur ce tableau, ont tous été assasinés pendant la premère révolution russe en 1905. De plus, lorsque Répine a peint le tableau du premier ministre Piotr Stolypine, ce dernier a été assassiné à Kiev10. Étant donné que les importants haut fonctionnaires de l’Empire russe sont morts, alors qu’ils pouvaient avoir des importantes décisions pour gérer la crise, les opposants de l’Empire russe ont gagné du terrain. Sans ces décès, il est tout à fait possible que la tournure de la révolution serait différente.


La session protocolaire du Conseil d’État (1901-1903)


Ilya Répine était un peintre talentueux et un travailleur acharné. Malgré son handicap au bras, il a appris à peindre avec son deuxième bras pour réaliser d’autres merveilles. Tous ses tableaux se trouvent aujourd’hui à Moscou, dans le musée de la « Galerie Tretiakov ». Tout le monde est émerveillé devant ses œuvres, mais peu de gens évoquent leurs mystères.



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1 S. Kierkegaard, Le journal du séducteur, trad.F. et O. Prior et M. H. Guignot, Folio essais 124, p. 22

2 Un groupe de peintres réalistes de l’époque où son maître Ivan Kramskoï y était membre également

3 18 Mystères cachés dans les toiles célèbres, Sympa : www.sympa-sympa.com

4 Ibid.,

5 B. Spinoza, « Le traité théologico-politique » [1670], Paris, Flammation, 1993, p. 75

6 Ibid., pp. 277-279

7 Le portrait réalsé en 1880, Pissemski est décédé en 1881

8 Le portrait est réalisé en 1881, Pirogov est décédé la même année

9 Le portrait et le décès du poète se sont réalisés en même temps, en 1873

10 Le portrait a été réalisé en 1910, Stolypine a été assassiné par balle le 1er septembre 1911

 
 
 

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